Exaspérés par les exhibitions d’homosexuels en Côte d’Ivoire, de nombreux Ivoiriens se prononcent contre l’homosexualité. A travers de multiples publications sur les réseaux sociaux ils disent “Non aux woubis”.
Pour eux, ça devient gênant. Ils sont nombreux, ces Ivoiriens qui ne s’accommodent plus de l’exhibitionnisme des homosexuels dans les rues d’Abidjan. A travers diverses publications sur les réseaux sociaux, notamment Facebook, ils disent à visage découvert, leur opposition aux pratiques homosexuelles.
Au Woubiland
« Phénomène de woubi en Côte d’Ivoire ça devient trop », s’est insurgé Rénato Austine, un créateur de contenus ivoirien très suivi sur Facebook.
Ce créateur de contenus vidéos de promotion des capitales africaines regrette qu’Abidjan, la principale ville de Côte d’Ivoire soit devenue la risée des internautes de pays voisins qui l’appelle désormais le “Woubiland”, en référence au terme Woubi employé pour désigner les homosexuels. Depuis la campagne spontanée sur les réseaux sociaux, RenatoAustine s’est illustré avec de nombreuses publications de dénonciation.
Comme lui, plusieurs autres créateurs de contenus y sont allés selon leurs inspirations. « ABAT LES WOUBI DU JAMAIS SUR INTERNET !!», a crié Camille Makosso, célèbre influenceur ivoirien qui se présente comme un pasteur. Il dit avoir lancé une pétition qui, si elle atteignait les 100.000 signatures aboutira à l’organisation d’une grande marche contre les homosexuels.
Dans une vidéo de 98 secondes devenue virale sur les réseaux sociaux, Les Dégameurs, un groupe de webhumoristes ivoiriens, dénonce l’omniprésence des homosexuels dans tous les secteurs d’activité en Côte d’Ivoire. « NON AUX WOUBI », écrivent-ils en légende à la vidéo vue plus de 2,2 millions fois dans laquelle, ils mettent en scène un individu qui croise les homosexuels partout, dans les restaus, les transports, au marché et même parmi les charlatans. »
« Avec les Woubi, la Côte d’Ivoire de demain se fera sans les hommes braves. », réagi également, Gnamesso Ablam, un journaliste sportif ivoirien. Patcko Yao, un critique musical également bien suivi sur Facebook dit avoir décidé de changer de look pour éviter toute confusion avec les woubis. « J’avais porté ma boucle d’oreille, y’a une dame qui me regarde, elle dit : tu es WOUBI ou bien ? Sur le coup, j’ai jeté. Depuis avant hier, je porte plus boucle d’oreille. Quand tout va finir je vais porter ma chose.”
Ça date !
Si c’est en août 2024 que la mobilisation contre les homosexuelles via les réseaux sociaux a commencé, l’homosexualité n’est tout de même pas naissante en Côte d’Ivoire.
Tourné à Abidjan en décembre 1997, “Woubi Chéri”, un documentaire franco-ivoirien de 62 minutes réalisé par Laurent Bocahut et Philip Brooks en 1998, apprend-on retrace depuis l’époque, la vie des couples homosexuels dans la capitale économique de Côte d’Ivoire. Ce film aurait même reçu le prix du meilleur documentaire au Festival du film gay et lesbien de Turin en 1999.
Delphine Krizoua, une promotrice culturelle, a fait observer que les Ivoiriens ont gardé l’homosexualité comme un sujet tabou depuis de nombreuses années. “Il y’a quelques années sur le forum ODCI. Je parlais du phénomène d’un nouveau genre sexuel qui était présent en Côte d’Ivoire et qui allait faire surface . Je parlais du fait qu’il fallait s’y préparer car j’observais beaucoup de gens qui avaient l’air d’en faire partie (…). J’évoquais l’hypocrisie autour … Selon moi dans chaque famille, il y en avait au moins un ou deux … Et je prônais la compréhension et la tolérance vis à vis de cette différence .”, a-t-elle fait savoir.
Au-delà des réseaux sociaux, la question suscite débat sur des plateaux de télévision. Sur la télévision publique NCI, un plateau sur le sujet s’est intéressé à la législation en vigueur sur la protection des minorités sexuelles dans le pays.
Pour Arthur Banga, analyste politique dont les propos ont provoqué l’ire des anti-homosexualité, il faut à tout prix éviter d’instaurer un climat de discrimination envers les personnes homosexuelles. « La question n’est pas de savoir si l’homosexualité est bonne ou mauvaise. La question est de savoir est-ce que je dois refuser qu’un homosexuel travaille ? est-ce que je dois refuser qu’un homosexuel ait un logement ? », a-t-il recentré dans le Débat NCI 360.
« Pour moi, c’est clair, on ne peut pas refuser à quelqu’un de vivre parce qu’il est homosexuel », s’est-il positionné. Reste à savoir si le grand nombre des activistes qui condamnent l’homosexualité à travers les réseaux sociaux sont prêts à l’entendre de cette oreille.